Depuis quelques années, la transition de notre société vers des modèles plus durables s’est heurté à une certaine inertie et a pu sembler difficile à enclencher. La pandémie montre la fragilité de notre système. Alors que Pablo Servigne identifie les verrous de la transition, l’un des fondateurs de Greenpeace, Bob Hunter affirme que « Les grands changements semblent impossibles au début et inévitables à la fin », ce qui s’applique particulièrement au contexte du coronavirus.
« Les grands changements semblent impossibles au début et inévitables à la fin. »
Bob Hunter, co-fondateur de Greenpeace
Cette situation de pandémie donne à observer la vulnérabilité de notre système économique, social et politique. Si, face au coronavirus nous observons la mise en place de politiques fortes en faveur de la protection des populations, les changements en matière d’économie, d’écologie et de solidarité sont également nécessaires et possibles. Cette crise peut devenir le berceau de la transition.
Le coronavirus, preuve de la nécessité de changements
Cette pandémie est un événement d’ampleur mondiale où la notion de « résilience » prend tout son sens. Le coronavirus nous montre que la moindre anomalie peut lourdement affecter les flux quotidiens du monde sur lesquels reposent nos modes de vie. En France, nombreux sont les produits exclusivement approvisionnés par les importations. Le cas de l’alimentation est particulièrement frappant. Selon l’Ademe, les « circuits courts alimentaires de proximité » représentent moins de 7 % des achats alimentaires des Français !
Autrement dit, 93 % des aliments consommés en France passent par plusieurs intermédiaires. Ils parcourent souvent plusieurs milliers de kilomètres avant d’arriver dans notre assiette ! Le modèle hyper productif de l’industrie agro-alimentaire repose sur un système extrêmement complexe impliquant nombre d’acteurs dont le fonctionnement peut être aisément perturbé. A l’inverse, les circuits courts et de proximité reposent sur un modèle de production simple et beaucoup plus résilient. Ainsi, des AMAP s’organisent pour continuer les échanges entre les producteurs et les consommateurs. Et nous pouvons aller plus loin !
Outre les impacts environnementaux, le système agricole est aujourd’hui en proie à une crise multiple : agriculture émettrice de gaz à effet de serre, précarisation du métier d’agriculteur et souffrance du monde rural,… Autant de sujets sur lesquels on peut trouver une multitude de solutions en matière de résilience et de solidarité.
Réduire notre zone de préoccupation au profit de notre zone d’influence
S’il est difficile d’exiger de notre gouvernement de mettre en place un nouveau système d’échange alimentaire adapté à chaque territoire, nous, citoyens, entrepreneurs et élus sommes en mesure d’élaborer ces solutions au sein de nos communes, quartier ou ville. Que cela concerne le domaine de l’agro-alimentaire, la santé ou encore l’énergie, la décentralisation de la sphère politique passe par la relocalisation de la gestion des territoires. C’est aussi ça, la résilience !
« Il faut s’occuper de sa zone d’influence et abandonner sa zone de préoccupation »
Frédéric Bosqué, co-fondateur de TERA
Pour Frédéric Bosqué, co-fondateur du village expérimental TERA (Lot-et-Garonne), la résilience passe inévitablement par la relocalisation du pouvoir d’agir. Selon lui, , « il faut s’occuper de sa zone d’influence et abandonner sa zone de préoccupation ».
En effet, constatant que chacun.e a une certaine quantité d’énergie qui lui permet de penser et agir, il considère que se préoccuper de problématiques vastes, larges et lointaines affaiblit notre stock d’énergie en l’éparpillant : notre possibilité d’agir est abstraite, inhibant ainsi les éventuels impacts de notre action.
Au contraire, le fait d’agir et de s’impliquer là où nous avons de l’influence, c’est-à-dire là où nous habitons, travaillons, vivons, optimise notre énergie. Cela rend nos actions fertiles (elles ont potentiellement beaucoup de chances d’aboutir) et donc motivantes (le fait de récolter ce qu’on a semé nous donne satisfaction et nous apporte davantage d’énergie). Cela enclenche un cercle vertueux, qui permet de faire grandir toujours plus sa zone d’influence.
C’est le modèle que Bardane défend à travers ses actions d’accompagnement, et son adhésion à la Fabrique des Transitions. Développer la résilience en se concentrant tout d’abord la connaissance du territoire, et créer une émulation autour de la transition pour favoriser l’émergence d’initiatives.
Car nous sommes convaincues que les solutions pour les territoires ruraux viendront… des territoires ruraux.
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